Un policier qui se lit au coin du feu et passe bien mieux qu'un jus de citron.
Loli Artesia n'a rien contre les personnes âgées, même si le premier chapitre de son polar, Passé un certain âge, dépeint les aînés en vieilles badernes aigries, oisives et aux préoccupations oiseuses : un portrait au vitriol, jubilatoire.
On comprend très vite qu'il ne s'agit que d'une figure de style, qui plante le décor des protagonistes de son enquête policière, une bande de retraités désœuvrés, dont personne n'aimerait partager le voisinage.
Le cadavre d'une "charmante vieille dame", Dominique Carvin, victime d'un double meurtre, est retrouvée à son domicile par son amie, Cléophée Polidori... Le cercle des intimes de ce Minotaure défunt est constitué d'un bestiaire antique, dont les amitiés bancales claudiquent sur la promenade des Anglais et dissimule de sombres secrets.
Mais chut ! L'auteure tient son lecteur en haleine jusqu'à la fin, avec un dénouement à la Agatha Christie.
Ce joli roman emploie avec finesse et modernité les codes de l'enquête policière classique. Des personnages énigmatiques résistent aux tentatives de percer leur secret. L'enquêteur révèle petit à petit des fêlures insoupçonnées. La vie collective en vase clos des suspects s'est construite sur des destins croisés et recèle les pires cachoteries. Le lecteur se fourvoie sur des pistes fantaisistes. C'est efficace et bien troussé.
Jalousies, envies, rancœurs, le microcosme qui gravite autour de la victime, tuée et re-tuée, cultive les péchés capitaux, comme feu ma grand-mère les plantes aromatiques. Certains jardins secrets dissimulent des venins déroutants.
Le roman, lui, est une friandise qui laisse sur la langue un goût acidulé d'agrumes confits et le souvenir d'un parfum de verveine sur fond de lavande.
Une manifestation anti-spéciste, contre la consommation de viande.
Les actions véganes à l'encontre de la filière viande se multiplient en France à l'imitation des méthodes employées aux USA et en Grande Bretagne. Ce n'est pas un hasard si c'est dans le Nord que les premières actions ont été recensées, directement importée d'outre-Manche. De happenings douteux en actions coups de poings, quand il ne s'agit pas d'infiltration au cœur même des lieux d'élevage, la lutte animaliste a eu tôt fait de partir à la conquête des campagnes.
"Ils n’avaient pas encore frappé dans la capitale mais c’est chose faite, les vegans sont entrés dans Paris avec leur tâches de sang et leurs cervelles de moineaux." Marianne saluait le 7 mai 2019 la première action antispéciste contre une boucherie (bio) parisienne, d'une tribune tonitruante de Perico Légasse. Depuis, ils ont essaimé jusque dans le monde rural et bénéficient même du soutien à peine dissimulé des médias nationaux, comme France Télévision qui offre à Hugo Clement une tribune depuis septembre 2019.
Contre l'holocauste des canards à Bazas
A Bazas,en Gironde, terre d'élevage et de tradition, des anti-spécistes ont manifestés contre "l'holocauste de milliers de canards" et tant pis pour l'outrance. Les éleveurs locaux ont su les accueillir, relate Le Républicain. La tension était palpable et les agriculteurs de la confédération rurale ne se sont pas privés de canarder les pétitionnaires à la ventrêche.
Il suffit de saisir "manifestation antispéciste" dans Google pour voir remonter des dizaines de vidéos d'actions à travers nos campagnes. La guerre est bel et bien déclarée.
Dans le même temps s'est organisée une attaque en règle contre la chasse, désormais sans cesse cible des abolitionnistes de tout poil. Dans l'Oise, il ne se passe pas un week-end sans que les équipages chassant en forêt de Compiègne ne doivent affronter les commandos d'AVA (abolissons la vénerie aujourd'hui). Les chasseurs ont bien compris que l'attaque contre la vénerie était l'avant-garde d'un mouvement plus ambitieux. Et ils étaient 800 dans les Landes à la veille de l'ouverture pour apporter leur soutien au président de la Société de Vénerie.
La ruralité vit une mutation qu'elle n'a pas vu venir. Les signes avant-coureurs avaient fait sourire les anciens : néo-ruraux indisposés par les bruits de la campagne et les odeurs de lisier, gentils bobos perdus sans réseau Internet... Mais les nunuches se sont transformés en anti-chasses militants prêts à en découdre. Ils se sont joints aux manifestations de citadins qui contestent les modes de production. Désormais, une nouvelle fracture se dessine au cœur de la France profonde, avec sa violence et ses intolérances.
🚨 Agression physique des #antichasse en Bretagne Ce samedi 6 Mars en forêt du Gâvre en Bretagne, après la chasse, une poignée d'extrémistes #AVA craquent et s’en prennent très violement et dans une hystérie totale aux veneurs 😠 10 plaintes avec ITT déposées par les #veneurspic.twitter.com/fBCxeZatVA
— Mickael ADRT défense de la ruralité (@MickaelPERENNEZ) March 10, 2021
Le mouvement animaliste est devenu politique. Il l'était depuis le début, puisqu'il puise ses racines dans le terreau de l'ultra-gauche, à qui il emprunte les méthode d'agit-prop, les modes opératoires violents et la soft communication. La mécanique est bien rôdée et son discours touche le public, à travers l'exploitation d'images choc et un discours adapté aux réseaux sociaux.
L'anti-spécisme n'est pas écologique
L'anti-spécisme bénéficie d'une aura écolo, quand bien même l'atteinte de ses objectifs reviendrait à soumettre l'alimentation humaine à une industrie qui n'aurait plus rien d'agro. L'éradication des protéines d'origine animale de la nourriture aurait pour conséquence l'usage de substituts, produits par transformations lourdes et la fin de l'agriculture traditionnelle.
Impression d'un steak en 3D à partir de protéines d'origine végétale.
Derrière le combat pour le bien-être animal se dissimulent deux entreprises a-priori contradictoires. Tandis que des activistes se battent avec des arrière-pensées idéologiques altermondialistes, des industriels peaufinent les technologies qui permettront de fabriquer du faux steak dans des usines délocalisées et déconnectées de notre agriculture.
Il ne faut pas s'y méprendre, après l'abolition de la corrida et l'interdiction de la chasse à courre, viendra la fin de la chasse, la fermeture des zoos, puis l'extinction de l'élevage et de la pêche. Suivront l'éradication de l'équitation et l'interdiction de détenir des animaux. Les plus en pointe dans ce combat envisagent d'ores et déjà de procurer aux prédateurs des substituts alimentaires non carnés afin de préserver les proies ! Quoi de naturel là-dedans ?
La consommation de drogue est aussi courante en zone rurale qu'à la ville. Le trafic a suivi.
Le trafic de drogue gangrène nos campagnes titre le Point sur son site. France Bleu fait état de son côté de 60 gendarmes mobilisés pour une opération anti-drogue au Mené dans les Côtes d'Armor : 12.000 euros saisis, 6,6 kg de résine de cannabis, 330 g d'herbe et 220 g de cocaïne. Petite prise.
"Les grands maux de la société, stups compris, ignorent désormais les frontières entre ville et campagne", témoigne un gendarme dans la Montagne. Le trafic est polymorphe : des néo-ruraux qui se mettent au vert, des autochtones tombés dans la drogue par oisiveté et basculent dans la criminalité. "À l’échelle nationale (DOM-TOM compris), les gendarmes, qui œuvrent pour l’essentiel hors des grandes zones urbaines, ont fait tomber près de 1.900 trafics en 2019, contre 1.500 en 2018 (*)"
Les comptes-rendus d'audience de tous les tribunaux de France illustrent chaque semaine dans la presse cette réalité. Le trafic de drogue n'est plus l'apanage des zones urbaines. Et avec lui se développe la violence. Des petites cités tranquilles deviennent des supermarchés de la drogue, des city-park sont squattés par les trafiquants, des caïds se pavanent en BM dans des petits bleds de 500 habitants.
Racket, violence, menaces
Rackets, intimidation, règlements de compte, la campagne n'échappe plus à la criminalité organisée. Il n'est plus de ville-centre de 10.000 habitants qui n'ait sa zone de non-droit, où la police ne se rende sur la pointe des pieds. Les élus multiplient les médiations, les réunions de quartier et les ronds de jambe.
Je peux témoigner de pressions et de menaces sur la presse locale. Quand ce ne sont pas les maires eux-mêmes qui dénoncent "la stigmatisation", par soumission, les habitants n'hésitent pas à se déplacer pour imposer le silence aux journalistes.
Selon le livre de témoignages "Les Narcos français brisent l'omerta", de Frédéric Ploquin, le trafic de stupéfiants en France se serait atomisé ces dernières années. Le temps ne serait plus aux grandes organisations, mais bien plutôt aux petites cellules indépendantes. Mais les pratiques changent plus vite que les parades de la justice.
Dans un marché globalisé, où les marchandises circulent sur les océans, en containers entassés par centaines, la tendance reviendra peu ou prou à une distribution centralisée.
Les produits proviennent du Maroc (hashish), d'Afghanistan (héroïne) et Balkans (cocaïne). Les armes qui tuent en banlieue proviennent des théâtres d'opérations du terrorisme islamiste. Le Jihad recrute ses bombes humaines dans les rangs de la petite délinquance. La frontière est désormais poreuse entre les deux. Et, déjà, à l'ombre des clochers de nos villages s'organisent des bases arrières.
La couverture du livre de Frédéric Ploquin, sur une image de la série Narcos. (DR)
Dans les années 60, le gouvernement américain qualifie la France de narco-état. En 1967, le président Nixon décide de s'en prendre au trafic de stupéfiants qui gangrène l'Amérique. Il interpelle le président Pompidou. La plaque tournante de la drogue se situe alors à Marseille, où la French Connexion, dominée par le Milieu corse. Les Français disposent alors des meilleurs chimistes. Ils maîtrisent la logistique et inondent les marchés mondiaux.
L'argent circule toujours
La French a fait long feu, mais la France demeure un marché dynamique, qui a vu se succéder les entreprises criminelles. Quand tombe un baron de la drogue, un autre prend le flambeau. Le marché demeure. Que la matière première se raréfie, à la faveur d'un coup de filet, les filières se réorganisent, la marchandise s'écoule toujours, plus coupée, de moins bonne qualité, mais les junkies continuent à consommer et l'argent circule toujours.
Il transite par le kebab du coin et passe par la supérette. Il finit en liquide dans les poches d'un chef d'entreprise en contrepartie de ses comptes offshore.
Les forces de l'ordre et la justice peinent à trouver les parades. Elles jouent toujours avec un coup de retard. Les malfrats finissent toujours pas tomber, mais la nature a horreur du vide. Dans "Les Narcos français brisent l'omerta", le journaliste d'investigation Frédéric Ploquin esquisse les réalités de ce combat quasi perdu d'avance. Des trafiquants se racontent, ils lèvent le voile sur leurs aventures. La réalité dépasse la fiction. L'ouvrage se lit comme on suit une série sur Netflix. Il tisse en arrière plan une réalité macro-économique.
Des dizaines de milliards chaque année
L'argent de la drogue pèse des dizaines de milliards, (4,5 rien que pour la France chaque année). Il circule dans les banques, à travers des montages plus ou moins complexes, parfois aussi simples qu'un coup de fil. Il gangrène les banlieues, il rend les états impuissants. Corruption à tous les étages, luttes d'influences, guéguerres interservices, banlieues privatisées par le crime organisé, le bilan est sombre, mais il confirme un ressenti.
Un très bon bouquin, qui se dévore comme un polar.
Dans Varcolac, une organisation criminelle prend le contrôle du trafic de stupéfiant et s'implante dans le Sud Gironde, non loin des ruines des anciens bordels du Poteau.
L'histoire de Varcolac commence par le récit d'une intervention de police dans l'entrepôt d'un réseau de trafiquants de drogue, en banlieue de Bordeaux. Le récit se déroule ensuite dans la Sud Gironde, dans la forêt des Landes de Gascogne. Au cœur de l'intrigue apparaissent les bordels du Poteau, un lieu emblématique du crime organisé, jusqu'à la fin des années 80.
La publication de l'excellent livre , "Les Narcos français brisent l'omerta", de Frédéric Ploquin, est tombée à point nommé pour moi et me je suis empressé de me plonger dedans, à titre documentaire. Je l'ai dévoré, comme un bon polar.
La France Narco-état dans les années 60
Journaliste d'investigation, l'auteur a recueilli des témoignages d'anciens trafiquants internationaux. On découvre, à travers leurs confessions, et dans des révélations d'anciens flics, les mécaniques du blanchiment, les filières d'importation et la corruption qui règne, partout dans le monde face aux milliards générés par cette économie, qui alimente les finances de nombreux pays.
Dans les années 60, la France était qualifiée de narco-état par le gouvernement américain de Richard Nixon, qui avait fait de la lutte contre la drogue l'une de ses priorités. Marseille était alors au centre du trafic mondial de stupéfiants. Le président Richard Nixon a dû sonner la fin de la récré en 1969.
Depuis cet âge d'or, les filières n'ont cessé de s'adapter aux moyens mis en œuvre par les polices pour tenter d'y mettre fin. Varcolac adopte l'hypothèse d'une mainmise du terrorisme islamiste en provenance des Balkans sur ces trafics dans la région bordelaise, il s'agit d'une fiction.
Retour du crime organisé au Poteau
Dans Varcolac, j'ai imaginé que le Milieu, qui a sévit autour des bordels du Poteau, était en lien avec la French Connexion, et y avait laissé des traces. Une organisation criminelle en pleine expansion y trouve une base arrière sécurisée et y perpétue les activités criminelles des années 70 : trafics de drogue, prostitution, avec toute la violence inhérente à ces activités.
"Les Narcos français brisent l'omerta" est une succession de récits, qui se lisent comme un roman et illustrent les évolutions de ce marché, ses filières, les personnalités des trafiquants. Le Maroc produits plus de 80% du cannabis vendu en France. Le centre du trafic de cocaïne a migré ces dernières années dans les Balkans et en particulier en Albanie, où la mafias kosovare tente même d'expérimenter la plantation de coca.
Interview du journaliste Frédéric Ploquin, qui démonte les mécanismes du trafic de drogue en France et dans le monde :