Rosemarie plaide pour une décroissance à laquelle est n'est pas prête. |
L'écologie politique est un conservatisme matérialiste. C'est ce qui m'est apparu tout soudain en entendant un chroniqueur sur une radio ex-périphérique, dans l'un de ces débats interminables à propos de la pluie et du beau temps.
"Il y a urgence, la planète va exploser !" sommait la militante insoumise dont j'ai oublié le nom. "Mais non ! me suis-je dit. Non, la planète ne va pas exploser." Sauf à entrer en collision avec une étoile, la Terre ne subira pas d'Armageddon hollywoodien.
Et quand bien même 35.000 espèces animales menacées disparaîtraient, ce qui constituerait une catastrophe, la température augmenterait-elle de 10° et la calotte glacière se liquéfierait-elle, déclenchant un tsunami d'Apocalypse, la planète, elle, continuerait de tourner autour du soleil, sur un axe immuable, 365 jours par an, 24 heurs par jour.
Elle en a vu d'autres, la Terre, de l'apparition des premiers micro-organismes à l'ère post-industrielle, en passant par la disparition des dinosaures et les ères glacières, qui surgirent bien avant l'avènement d'homo erectus et l'invention du moteur à explosion.
Rosemarie épuise à elle seule plus de ressources qu'un agriculteur céréalier
Installée derrière son PC de dernière génération ou sur son smartphone plus puissant qu'un Mac II fx des années 90, Rosemarie (prénom certifié progressiste), militante animaliste, écolo woke, scande des incantations. Durant ses vacances elle a alerté sa communauté Insta depuis Bali, après son trek en Inde.
Elle ira chercher son Poke Bowl veggie au bar à salades du quartier, en vélo électrique. Elle le consommera assise en tailleur sur son sofa Ikea devant une série Netflix inclusive. Elle épuise plus de ressources à elle seule qu'un agriculteur céréalier de Picardie qui, lui, nourrit des milliers d'humains.
Elle se revendique révolutionnaire, mais elle n'aspire qu'à conserver ce mode de vie urbain "hyperconnecté", en totale déconnexion d'avec la nature. Elle retwittera avant de se coucher "Si les 35.000 espèces menacées dans le monde comprenaient qu'elles ne l'étaient que par une seule..." en commentant : "l'homme est un virus à éradiquer !"
Le nihilisme de son propos ne lui effleurera pas l'esprit. Elle pense en boîte recyclée, Rosemarie, comme elle se nourrit. Elle aspire à l'éradication de l'espèce humaine. Sait-elle seulement qu'elle en fait partie.
La Révolution a commencé sans elle
Cet hiver, elle s'endormira dans son appart chauffé à 28° et rêvera de la décroissance qui ne la privera ni de l'Iphone 13 qu'elle a commandé sur Amazon prime, ni du prochain voyage dans la Cordillère des Andes.
Non, la planète ne va pas exploser. Ses écosystèmes naturels, eux, sont bel et bien impactés et modifiés en profondeur par l'activité humaine. Les sociétés humaines ne vont pas cesser d'empiéter sur la vie sauvage, pour ce qu'il en reste. Ni Gretta ni Rosemarie n'y feront rien.
Une révolution profonde s'est produite sur Terre ces deux derniers siècles : l'accroissement exponentiel de la population humaine (1 milliard en 1800, 1,5 milliard en 1900, 6 milliards en 2000, plus de 7 milliards aujourd'hui...) accompagné d'une amélioration considérable des conditions de vie.
Et la plupart des nouveaux humains qui sont nés sur la Terre ces 20 dernières années n'aspire qu'à siroter un soda en tailleur face à un écran XXL dans le salon climatisé de Rosemarie. Ils se fichent comme d'une guigne de ses états d'âme, à Rosemarie, de ses questionnements de genre et des 3° supplémentaires qu'affichera le thermomètre dans les prochaines années.
Ils ont peut-être tort, mais ça leur en bat une sans faire bouger l'autre, dès lors qu'un Eden leur est promis. Ils aspirent au progrès. Tant pis pour la COP26 et pour les suivantes.
Elle finira commissaire politique
L'humanité tire sa subsistance de la Terre et la Terre lui donne ce qu'elle peut. Si un jour elle s'épuise, l'homme s'adaptera. Peut-être que des phénomènes climatiques éradiqueront des millions de personnes, voire plus. Ce pourrait aussi être une pandémie sérieuse, ou des famines. Mais aucune décision politique n'y pourra rien, pas même la plus rigide des dictatures mondiales.
C'est pourtant bien à ce type de gouvernance qu'aspire notre Rosemarie pour continuer à pédaler avec assistance électrique et manger bio-certifié. C'est pour ça qu'elle conspue à tweet-que veux-tu pollueurs, mâles blancs, chasseurs, patrons et politiques et appelle de ses voeux toutes les contraintes environnementales et sociétales inimaginables. Qu'un tel régime advienne, elle en serait alors commissaire du Peuple, avant de retourner poussière à la Terre, qui continuera ses rotations dans l'Univers.
Toute vie est vouée à s'achever. Les individus meurent. Les civilisations s'éteignent. Les espèces disparaissent. Les écosystème mutent. La grosse boule qui nous héberge s'en contrefiche. Sait-elle même ce qui se passe à sa surface ?